“Projet Sénégal Vision 2050” : L’Agenda national de transformation de l’État sénégalais

Le premier ministre Ousmane Sonko et le président Diomaye Faye lors de la présentation de Sénégal Vision 2050 / Photo: Sunugox

Le gouvernement sénégalais a procédé, ce lundi 14 octobre 2024 à la présentation de son agenda national de transformation dénommé « Projet Sénégal Vision 2050 ».

Articulé autour de quatre grands axes stratégiques, il propose de nouvelles mesures économiques, mais aussi une volonté de renforcer la cohésion nationale, entre autres.

Dans son mot de présentation de ce nouvel agenda, sur la plateforme Jubbanti du gouvernement, le président de la République Bassirou Diomaye Faye, a souligné que le projet« Sénégal 2050 : Agenda National de Transformation » « est bien plus qu’un document stratégique ».

Selon lui, « il traduit notre ambition de rompre avec les schémas du passé, de dépasser les défis auxquels nous avons trop longtemps été confrontés, pour faire émerger une nation résolument ancrée dans le futur », poursuit le chef de l’État sénégalais.

« Nous avons hérité d’une situation complexe, marquée par des décennies de dépendances économiques, d’une gouvernance aux fondations fragiles et d’un tissu social fragilisé », rappelle-t-il.

Le président Bassirou Diomaye Faye a signalé que l’économie sénégalaise a « pendant trop longtemps, été prisonnière d’un modèle d’exploitation de matières premières brutes, sans valorisation ni transformation locale ».

« Cette trajectoire a non seulement limité notre potentiel, mais elle nous a aussi dépossédé de notre destin. Ce modèle a créé une dépendance vis-à-vis de quelques industries, laissant notre secteur privé national trop faible et nos jeunes talentueux en quête d’opportunités, souvent poussés à chercher un avenir ailleurs », soutient-il.

« En effet, explique le président Diomaye, après 64 ans d’indépendance, l’industrie sénégalaise a peu décollé et le Sénégal est resté cantonné à la simple production de matières premières, qu’il exporte brutes sur le marché mondial ou légèrement transformées ».

Par conséquent, parce que le pays importe quasiment tous les produits finis dont il a besoin, poursuit-il, « sa balance commerciale est extrêmement déficitaire et s’est fortement dégradée durant les dernières années (déficit supérieur à 4000 milliards FCFA en 2023) ».

« Minée par ses faiblesses structurelles, l’économie sénégalaise est fortement dépendante de la conjoncture mondiale (prix des matières premières), de l’aide extérieure et des envois de fonds de sa diaspora. Cette dépendance s’est aggravée ces dernières années, avec une explosion de la dette publique », explique Bassirou Diomaye Faye.

Dès lors, le programme Sénégal 2050, explique-t-il, « se dresse comme la réponse structurée à ces défis », reposant « sur une vision claire, rigoureuse et audacieuse ».

« Nous avons pris le temps de diagnostiquer avec précision les dysfonctionnements de notre système, de consulter, d’analyser, et surtout, de formuler des solutions robustes pour une transformation en profondeur. Ce référentiel est notre feuille de route pour les 25 prochaines années, déclinée en stratégies quinquennales et décennales qui permettront de mesurer, d’ajuster, et d’optimiser nos efforts en temps réel ».

Pour y arriver, le président sénégalais a souligné que la transformation tant souhaitée et attendue sera structurée autour de quatre grands axes stratégiques que sont la compétitivité, la durabilité, le capital humain et la bonne gouvernance

Compétitivité

« Le premier axe consiste à asseoir une économie compétitive à travers un cadre macroéconomique assaini et stable, l’émergence d’une société numérique, des filières compétitives, le développement de pôles économiques viables et un cadre des affaires attractif », a expliqué le président Diomaye. Il va recueillir 33,7% des financements dans la prériode 2025-2029.

Il s’agira ici « de valoriser pleinement nos ressources à travers une industrialisation ambitieuse, intégrant nos matières premières dans les chaînes de valeur mondiales ». « Nous transformerons nos richesses sur place, nous diversifierons notre économie pour en faire un véritable moteur de croissance, créateur de valeur ajoutée et d’emplois », promet-il.

Durabilité

Pour le deuxième axe articulé autour de la durabilité, le président Diomaye estime que le développement du Sénégal « ne sera viable que s’il respecte et préserve notre environnement ». Dans la période 2025-2029, cet axe va bénéficier de 13,4%.

« Nous avons la responsabilité de léguer aux générations futures un pays sain, où la biodiversité est protégée, où l’économie circulaire est intégrée, et où les énergies renouvelables joueront un rôle central », indique le président Diomaye.

« Sur l’étendue du territoire marin et terrestre, le Sénégal s’assurera qu’il n’y ait pas de surexploitation de ses ressources naturelles. Notre programme de conservation de 30% de notre territoire terrestre, marin et de nos eaux douces contribuera à l’atteinte de la souveraineté environnementale, de même que les règles de gestion durable dans les différents secteurs économiques primaires et d’économie circulaire », renseigne le référentiel de la Vision 2050.

Par ailleurs, il a signalé que « l’aménagement durable de notre territoire permettra d’assurer un équilibre entre les zones rurales et urbaines, de désenclaver les régions reculées par des corridors de développement et d’offrir à tous un accès équitable aux ressources ».

Le capital humain

Convaincu qu’on ne peut redresser un pays sans investir dans ses fils, le président sénégalais a agencé le troisième axe autour du renforcement du capital humain et l’équité sociale qui va bénéficier de 35,1% des financements.

« À travers cet engagement, nous visons à corriger les déséquilibres historiques qui ont affecté les couches les plus vulnérables de notre société, en particulier les femmes, les jeunes et les populations rurales », a-t-il indiqué.

Par cela, il s’engage « à offrir une éducation de qualité pour tous, à garantir l’accès universel à des services de santé performants, et à réformer le foncier pour une meilleure répartition des terres ».

« La réforme de notre système de santé visera à assurer la prévention, à renforcer l’offre de soins et à garantir un accès équitable à des services modernes, tant en milieu urbain qu’en zone rurale, pour que nul ne soit laissé pour compte. Nous mettrons également en place un système national d’assurance maladie pour protéger chaque citoyen, réduisant ainsi les inégalités sociales et économiques. Le Sénégal de 2050 sera porté par une jeunesse compétente, dynamique et préparée aux défis du monde moderne », rassure Diomaye.

La gouvernance

Le quatrième axe, celui de la gouvernance et de l’engagement africain, vise à « refonder nos institutions pour qu’elles servent au mieux les aspirations de notre peuple ». Cet axe va recueillir 17,7% des financements dans la préiode comprise entre 2025 et 2029.

« Nous devons éradiquer la corruption et réformer l’administration pour qu’elle devienne un levier puissant au service du développement. Cette gouvernance sera garante d’une gestion rigoureuse de nos ressources, assurant que chaque action entreprise contribue à l’atteinte de nos objectifs collectifs », dit-il tout en se projetant vers ses frères africains.

« Le Sénégal jouera un rôle actif dans la promotion de l’unité africaine, tout en assurant sa position de leader dans des domaines stratégiques comme la sécurité, l’innovation technologique, et la gouvernance démocratique. Ensemble, avec nos voisins africains, nous devons œuvrer pour une Afrique unie, souveraine et prospère, capable de relever les défis communs et d’occuper la place qui lui revient dans le concert des nations », précise le président Bassirou Diomaye Faye.

En définitive, le montant global des financements sur les 5 prochaines années (2025-2029) est estimé à plus 18,5 milliards FCFA, avec 12,8 milliards FCFA qui seront apportés par l’État et 5,7 milliards FCFA par le secteur privé, selon Pr Abou Kane de la Faculté des Sciences économiques et de gestion (Faseg) de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar.

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