CAMEROUN : LIBERALISATION DES IMPORTATIONS DE CARBURANTS POUR DYNAMISER LE MARCHE.

Dans une annonce majeure, le président camerounais, Paul Biya, a ordonné un changement significatif dans le mécanisme d’approvisionnement du marché intérieur en carburants. Selon une lettre émanant du secrétaire général de la présidence de la République, Ferdinand Ngoh Ngoh, datée du 14 décembre 2023 et adressée au ministre de l’Eau et de l’Énergie, Gaston Eloundou Essomba, le président a prescrit la « libéralisation des importations des produits pétroliers ». Concrètement, la Caisse de stabilisation des prix des hydrocarbures (CSPH) attribuera désormais des quotas aux importateurs majeurs du secteur, dotés des profils techniques et financiers nécessaires.

Cette nouvelle orientation indique un changement stratégique dans la distribution des parts de marché, mettant en avant des importateurs majeurs, notamment les membres du Groupement des professionnels du pétrole (GPP), présidé par le PDG de Neptune Oil, Antoine Ndzengue. Les entreprises telles que TotalEnergies, Tradex, Ola Energy, Neptune Oil et Bocom devraient être les principaux bénéficiaires de cette libéralisation, comme le suggère la lettre présidentielle.

La décision marque également un réalignement des responsabilités, avec la CSPH reprenant la fonction de pilotage du processus d’attribution des quotas aux importateurs, une responsabilité qui était auparavant dévolue au ministère de l’Eau et de l’Énergie depuis près de quatre ans. Cette évolution entraînera une diminution de l’influence de la Société nationale de raffinage (Sonara) sur le marché des importations de produits pétroliers.

Cette modification intervient après l’incendie des installations de la Sonara en mai 2019, obligeant le Cameroun à dépendre exclusivement des importations de produits pétroliers pour assurer l’approvisionnement régulier du marché local. À cette époque, Paul Biya avait attribué à la Sonara 80% des importations, réservant seulement 20% aux marketeurs.

Cependant, la nouvelle directive présidentielle redistribue les parts de marché en fonction des profils techniques et financiers des acteurs, reléguant la Sonara à un rôle plus restreint. Cette décision pourrait impacter négativement la santé financière de la société d’État, mais elle est saluée par certains acteurs du secteur privé qui estiment que cela ouvre la voie à une collaboration plus étroite avec des importateurs majeurs.

La libéralisation des importations est également perçue comme une opportunité d’éviter les problèmes d’approvisionnement liés au processus d’appel d’offres pour les importations. Cependant, des critiques affirment que cette approche pourrait entraîner des hausses de prix, mettant en danger le soutien financier accordé à la Sonara.

En fin d’année 2019, le président Biya avait également prescrit la sélection de quatre traders internationaux pour l’approvisionnement durable du pays en produits pétroliers. Depuis lors, un nouveau mécanisme d’approvisionnement a été mis en place, conduisant à des économies substantielles sur la prime accordée aux traders, selon des sources officielles.

La libéralisation des importations de carburants au Cameroun représente un virage stratégique majeur dans la dynamique du marché pétrolier du pays, avec des implications importantes pour les acteurs du secteur et les consommateurs. L’enjeu réside maintenant dans la mise en œuvre efficace de cette décision afin de garantir la stabilité du marché et la satisfaction des besoins énergétiques de la population.

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