Limogé et arrêté. Tel est le sort qui a été réservé à Godwin Emefiele, le puissant gouverneur de la CBN (Central Bank of Nigeria), la Banque Centrale du Nigéria.
Ce technocrate, passé par la réputée université de Nsukka (dont sont aussi diplômés les illustres Arunma Oteh, Obiageli Ezekwesili et Peter Obi entre autres), serait-il victime d’une « vendetta » comme le pensent certains ?
Nommé en 2014 par Goodluck Jonathan, sur recommandation de son mentor Jim Ovia, le puissant banquier et fondateur de la Zenith Bank, en remplacement de Sanusi Lamido, il parvient à rentrer dans les bonnes grâces du président Buhari qui entre en fonction dès 2015.
A la tête de la CBN, il mène une politique dont l’épine dorsale, maintes fois décriée, est un refus systématique de dévaluer le Naïra nigérian.
Si cet aspect de sa gestion est sujet à controverses, il est néanmoins salué pour le programme « Anchor Borrowers », perçu comme un élément clé ayant permis au Nigéria de parvenir à l’autosuffisance alimentaire en riz.
Il est publiquement acclamé lors de son anniversaire en août 2021 par le Président Buhari lui-même, dans un discours dithyrambique à son égard. Une sorte de consécration pour lui.
Courant 2022, des rumeurs font état de sa volonté de succéder au Président de la République lors des élections de 2023, sous l’égide de l’APC, et donc contre le nouveau titulaire du poste, Bola Tinubu. L’intéressé dément mais le fait qu’il ait demandé une ordonnance à un juge, dans l’optique de contourner la disposition réglementaire qui lui interdit de mener d’autres activités alors qu’il est en poste amène à s’interroger.
Et justement, plusieurs évoquent cet épisode comme l’une des raisons ayant conduit à sa chute aujourd’hui. L’autre raison évoquée, et non des moindres, est l’introduction d’une politique de redéfinition du Naïra ayant entrainé de graves pénuries de billets et des émeutes en pleine période électorale.
Il est suspendu puis arrêté le 9 juin 2023, « pour des raisons d’enquête », d’après un communiqué du Département des services d’Etat, daté du lendemain, l’actuel sous-gouverneur de la Banque centrale assumant la charge de gouverneur jusqu’à conclusion des enquêtes.