La couverture et la qualité d’internet sont des enjeux majeurs du continent africain, à une ère où le digital est le premier canal d’information et de communication, et où de nouvelles révolutions numériques se profilent dans le monde.
La connexion à internet n’est pas toujours chose aisée pour l’ensemble de la population vivant sur le territoire africain.
C’est particulièrement vrai en Afrique subsaharienne, où un quart de la population ne dispose toujours pas de couverture mobile à haut débit, contre seulement 7 % à l’échelle mondiale. Et même quand cette couverture existe, le nombre d’utilisateurs des services mobiles est faible.
Dans toute la sous-région, les deux principaux obstacles à l’adoption du haut débit mobile sont liés à l’accessibilité financière, à savoir le prix élevé des services mobiles et un pouvoir d’achat limité , comme l’indique la faible consommation des ménages.
Selon un rapport du cabinet londonien Cable Co, concernant la tarification des données mobiles dans le monde en 2022, l’on apprend que la Côte d’Ivoire est classée 5ème pays avec l’internet le plus cher au sein de la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Le prix moyen de l’internet dans le pays est de 3,06 dollars, soit plus de 1 800 FCFA le gigaoctet.
Bien que la Côte d’Ivoire, le Cameroun et le Sénégal aient des économies sensiblement comparables, le coût de l’internet est deux fois plus élevé à Abidjan qu’à Dakar et Yaoundé.
La situation de la cherté des données au Sénégal et en Côte d’Ivoire notamment a entraîné depuis quelques jours des débats. Ces débats opposent très souvent d’un côté consommateurs et en face, les acteurs de la télécommunication.
Tout est parti du constat populaire de ce que le coût des données internet aient connu des hausses dites grossières et inacceptables, suite à une décision de l’Autorité de Régulation des Télécommunications/TIC (ARTCI) de Côte d’Ivoire émise le 12 janvier 2023.
En effet, la raison évoquée est que, dans le souci de remédier à certains problèmes persistants de concurrence sur le marché de détail, l’ARTCI a adopté le 12 janvier 2023, la décision n°2023-0834 portant encadrement des offres de services sur le marché de détail de la téléphonie mobile, et ce, conformément aux dispositions légales et réglementaires.
Cette décision qui est entrée en vigueur le 6 avril 2023, prévoit un certain nombre de dispositions dont le seul but est d’assainir la concurrence entre les opérateurs, assurer la protection des consommateurs et assurer le développement pérenne du marché de la téléphonie mobile.
Les principales mesures de cette décision sont notamment les suivantes :
- le relèvement du niveau des bonus de 100% à 200% ;
- la baisse du prix minimum de la data mobile de 20% le faisant passer de 1 franc CFA le mégaoctet à 0,8 franc CFA ;
- le maintien par les opérateurs, de la conversion des avantages acquis par le consommateur, en dehors de la durée de validité des souscriptions.
Au Sénégal aussi, c’est sur les réseaux sociaux que les clients de l’opérateur Sonatel (Orange) ont décidé de déverser leur bile contre leur fournisseur d’accès internet. En cause, des changements tarifaires sur l’offre de la Flybox, un boîtier qui permet l’accès à l’internet haut débit suivant des formules au choix. De 12 900 FCFA pour 300 Gigaoctets mensuels, l’offre est passée à 9900 FCFA pour 80 Gigas ou 16 900 FCFA pour 160 Gigas. Le 2 avril 2023 donc, l’Association des clients et sociétaires des institutions financières (ACSIF) appelle au boycott des produits de l’opérateur, un appel relayé sur les réseaux sociaux.
Face à cette situation, l’Autorité de régulation des télécommunications et des postes (ARTP), régulateur Sénégalais, a demandé à la Sonatel de réajuster ses prix.
Les facteurs qui peuvent influencer ces coûts d’internet dans ces deux pays de l’Afrique de l’Ouest sont entre autres :
- Les coûts d’infrastructure : Les coûts d’installation et de maintenance de l’infrastructure de télécommunication, tels que les câbles sous-marins, les antennes-relais, les réseaux de fibre optique et les serveurs, peuvent varier selon les pays. Par exemple, si un pays dispose de réseaux de fibre optique développés, cela peut rendre l’accès à Internet moins cher pour les utilisateurs finaux.
- Les taxes et les réglementations : Les taxes et les réglementations peuvent varier d’un pays à l’autre, ce qui peut influencer les coûts d’Internet pour les fournisseurs de services Internet (FSI). Dans certains pays, les taxes sur les télécommunications peuvent être élevées, ce qui peut augmenter les coûts pour les FSI et se répercuter sur les coûts d’Internet pour les consommateurs.
- La concurrence : La concurrence entre les FSI peut également avoir un impact sur les coûts d’Internet. Si un pays est un marché des télécommunications concurrentiel, cela peut entraîner une baisse des prix pour les consommateurs.
- La disponibilité des ressources locales : Dans certains pays, les ressources nécessaires pour la mise en place et l’exploitation d’un réseau de télécommunications peuvent être moins disponibles ou plus déboursées. Cela peut entraîner des coûts plus élevés pour les FSI et, par conséquent, pour les consommateurs.
- Le niveau de développement économique : Le niveau de développement économique d’un pays peut également avoir un impact sur les coûts d’Internet. Dans les pays les moins développés économiquement, les coûts d’Internet peuvent être plus élevés en raison des coûts plus élevés pour la mise en place et l’exploitation de l’infrastructure de télécommunication.