LES CONSEQUENCES DE LA NOUVELLE POLITIQUE SANS NUMERAIRE DU NIGERIA

Depuis sa création en 1973, le naira a connu une succession ininterrompue de dépréciations et de dévaluations, à tel point que le dollar américain qui s’échangeait en 1973 à 0,66 naira s’échange à la date du jeudi 2 février 2023 à 460,54 nairas. 

Ainsi, la monnaie Nigériane a-t-elle perdu 99,86 % de sa valeur et a été divisée par 

700 en  seulement en 50 ans. En comparaison sur la même période de 50 ans, le dirham marocain a vu sa valeur par rapport au dollar américain divisé seulement par deux. 

Bien que le Nigeria soit le premier producteur africain de pétrole depuis plusieurs décennies, le pays n’est toujours pas parvenu à diversifier son économie, dont les exportations reposent encore à plus de 90 % sur les hydrocarbures.
Il demeure de ce fait très dépendant de l’évolution du cours des hydrocarbures, ainsi que de sa production en la matière (qui est justement en baisse continue).

Le pays a en outre réalisé de très mauvaises performances en matière d’électrification, ces dernières années, avec un taux d’accès à l’électricité de seulement 55,4 % de la population fin 2020 (contre, par exemple, 70,4 % pour le Sénégal, 64,7 % pour le Cameroun, et plus de 99 % pour chacun des trois pays du Maghreb).

Les autres raisons des difficultés économiques que rencontrent le Nigéria depuis de très nombreuses années sont : 

  • une mauvaise gouvernance ; 
  • un niveau élevé de corruption ; et
  • des détournements de fonds.  

Pour solutionner ces problèmes, le Nigéria a mis en place une nouvelle politique de trésorerie : la politique sans numéraire et l’échange du naira par la Banque Centrale du Nigeria (CBN).

D’après la CBN, au moins 80% de la monnaie locale en circulation se trouve en dehors des coffres des banques commerciales et elle a enregistré des taux de contrefaçon élevés ces derniers temps. L’inflation qui a continué à grimper, atteignant un taux de 20,77% en septembre 2022, n’améliore pas la situation. 

L’institution cherche donc à reprendre le contrôle sur cette masse monétaire, en obligeant les Nigérians à retourner les billets à la CBN.

Selon Godwin Emefiel, Gouverneur de la CBN, cette politique devrait permettre de lutter contre l’inflation, ou même contre l’achat de votes, à quelques mois de l’élection présidentielle de février 2023. 

 

La Banque Centrale du Nigéria avait annoncé qu’elle remplacerait les billets de 100, 200, 500 et 1 000 nairas d’ici fin janvier 2023 et mettrait en circulation de nouveaux billets de naira.

Toutefois, le constat après la  mise en œuvre de ces nouvelles mesures est que : 

  • les banques Nigérianes n’ont pas la capacité ou la structure pour faire fonctionner les paiements numériques de manière transparente ; 
  • les succursales bancaires individuelle distribuaient toujours les anciens billets plutôt que les nouveaux, même jusqu’à la semaine de la date limite initiale ; 
  • le manque de nouveaux billets de naira a frappé ceux qui manipulent principalement de l’argent au jour le jour, comme les vendeurs au marché et les marchands ambulants ; 
  • les populations dans leur grande majorité ont du mal à effectuer des paiements et des virements en ligne ; etc.  

Afin de limiter la pénurie d’argent liquide qui affecte durement le pays après la mise en œuvre de cette nouvelle politique sans numéraire, le Président Muhammadu Buhari, dans un communiqué de presse le 16 février 2023, a ordonné le maintien en circulation des anciens billets de 200 nairas, remplacés récemment par de nouveaux billets : 

« Ces billets en petites coupures sont de nouveau autorisés à circuler dans le pays jusqu’au 10 avril prochain. Cette décision permettra aux Nigérians n’ayant pas encore échangé leurs anciens billets de ne pas être pénalisés »

 

Le Président a insisté également sur le fait que la politique sans numéraire et l’échange de naira par la Banque Centrale ont des avantages à court et long terme pour le pays dans la lutte contre l’insécurité et la corruption, mais il convient que la banque faîtière devrait suivre la recommandation d’un comité parlementaire pour rectifier les problèmes identifiés. 

 

La CBN doit en ce sens veiller à ce que les nouveaux billets soient plus disponibles et accessibles aux populations par l’intermédiaire des banques. 

En fin de discours, Muhammadu Buhari a sollicité la compréhension de toute la population Nigériane jusqu’à ce que le pays surmonte cette phase transitoire difficile dans les meilleurs délais possibles.

Source :

  • The Statehouse, Abuja (site officiel de la présidence du Nigéria)
  • BAD
  • BBC
  • Africa 24
  • AfricaNews
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